"A propos des mesures consécutives aux progrès de la dépréciation monétaire", par Ludwig von Mises
Texte extrait des archives de Mises confisquées par les Soviétiques.
traduit et publié par Hervé de Quengo (voir sa page sur Ludwig von Mises contenant de nombreux textes en français!)
Merci à J.G. Hülsmann (du Mises Institute) pour m'avoir fourni une copie de la version originale en allemand.
I.
Nous allons au devant de l'effondrement de notre monnaie. Notre politique financière ne connaît plus qu'un seul moyen : imprimer des billets, imprimer encore et toujours de nouveaux billets. Il n'existe guère de chance qu'il se produise un changement. On ne peut certes pas demander au parti social-démocrate qu'il reconnaisse soudain que la pensée socialiste est en miettes et que tout ce qu'il a proclamé depuis des décennies s'est révélé faux. Quant au parti social-chrétien, dont l'idéal est une situation économique comprenant des paysans vivant en autarcie et des petits artisans soucieux de leur « gagne-pain, » qui s'est battu pendant des dizaines d'années pour le certificat d'aptitude et pour des droits protecteurs élevés, qui a défendu avec le prince du Liechtenstein le programme d'une « Autriche sans usines » et s'est battu avec Lueger et Schlesinger pour le « florin de nos pères » et pour « l'argent du peuple », on ne peut pas s'attendre à ce qu'il devienne tout à coup libéral et partisan du libre-échange. Et en ce qui concerne les nationaux allemands, qui se sont toujours efforcés en toute occasion de surpasser les autres partis en radicalisme social-réformateur, qui sont devenus tout particulièrement aujourd'hui les porte-parole de cette vaste classe des employés publics, dont le syndicalisme a achevé nos finances, qui n'ont rien appris et rien oublié en politique étrangère malgré la défaite épouvantable de la [première] Guerre mondiale, nous ne pouvons pas espérer d'eux qu'ils deviennent par l'expérience raisonnables en matière de finances et d'économie. Le malheur de ce pays, qui ne peut subsister qu'en tant qu'exportateur d'industries, c'est que la pensée moderne de l'économie politique reste étrangère à son peuple. Notre politique vit dans le monde des idées de l'impérialisme, du mercantilisme, du socialisme et des rêveries de l'économie « nationale. »
On ne peut pas réfuter par des arguments rationnels des idées politiques qui, pendant des décennies, ont totalement régné sur les esprits. Ces idées doivent produire leur plein effet dans la vie réelle et ne peuvent pas disparaître autrement que lors de grandes catastrophes.
Notre économie a besoin du libre échange pour les affaires intérieures et extérieures, mais nos partis sont tous fidèles à un interventionnisme plus ou moins logiquement organisé. On a pu réussir à éviter le bolchevisme pur de la Russie, de la Hongrie ou de Munich, mais le régime sous lequel nous vivons ou, pour être plus précis, sous lequel nous végétons, ne se différencie du bolchevisme que parce qu'il a évité la violence ouvertement sanguinaire. En politique économique, il s'évertue comme son homologue à combattre sans se cacher la propriété privée, non seulement pour les biens de production mais aussi pour les biens de consommation. Et, comme le bolchevisme, il assure son maintien en dissipant le capital que certains hommes de l'économie libre ont accumulé. Les biens mobiliers et immobiliers des entreprises publiques, qui s'usent lorsqu'on les utilise, ne sont pas remplacés et une politique raffinée du commerce et de la taxation conduit également à empêcher les décisions privées de renouvellement des équipements techniques. Les aliments sont achetés à l'étranger, non pas en contrepartie d'une exportation de produits résultant du travail intérieur, mais grâce à l'endettement et à la vente par morceaux du capital productif intérieur — vente d'actions, destruction des terrains boisés — et, ce qui n'est pas moins grave, des biens d'équipement utiles du pays.
Tout cela s'est déjà produit dans l'Histoire. Ce n'est rien d'autre que la caractéristique de toute époque socialiste ou impérialiste. On peut comparer avec le portrait que Stourm, l'historien des finances de la révolution française, dresse de la politique des Jacobins :
« L'esprit financier des jacobins consiste exclusivement en ceci : épuiser à outrance le présent, en sacrifiant l'avenir. Le lendemain ne compta jamais pour eux : les affaires furent menées chaque jour comme s'il s'agissait du dernier : tel fut le caractère distinctif de tous les actes de la Révolution. Tel est aussi le secret de son étonnante durée : la déprédation quotidienne des réserves accumulées chez une nation riche et puissante fit surgir des ressources inattendues, dépassant toute prévision. Les assignats, tant qu'ils valurent quelque chose, si peu que ce fût, inondèrent le pays en quantités sans cesse progressives. La perspective de la faillite n'arrêta pas un seul instant les émissions. Elles ne cessèrent que sur le refus absolu du public d'accepter, même à vil prix, n'importe quelle sorte de papier-monnaie. »
On doit accepter comme une fatalité la dépréciation catastrophique de notre devise. La politique impérialiste et militariste est par nécessité liée à l'inflation. Une politique de socialisation menée de manière conséquente conduit nécessairement à l'effondrement total du système monétaire. La preuve n'en est pas seulement fournie par l'histoire de la Révolution française, mais aussi par ce qui se passe aujourd'hui en Russie bolchevique et dans une série d'autres États qui ont plus ou moins suivi le modèle russe, même s'ils ne se signalent pas par l'abominable brutalité des Jacobins et des Bolcheviques et qu'ils préfèrent des méthodes moins sanguinaires. Aussi sinistre que soient les conséquences de l'effondrement de la monnaie, elle a pour autant un effet libérateur, car elle détruit le système qui y a conduit. L'effondrement des assignats a porté le coup de grâce à la politique jacobine. Il en a résulté un changement de politique vers de nouvelles voies. Pour nous aussi, l'effondrement de la monnaie signifiera un tournant décisif dans la politique économique.
Si on n'arrête pas totalement la multiplication des billets de banque, le destin de notre monnaie est scellé. C'est une grave erreur de croire que la couronne ne serait sans valeur qu'à l'étranger et qu'elle conserverait son pouvoir d'achat à l'intérieur, quand bien même son cours disparaîtrait des bourses étrangères. D'une part le cours de la devise est déterminé en dernier ressort par le pouvoir d'achat de la monnaie vis-à-vis des marchandises, de telle sorte qu'en ce qui concerne — comme l'a démontré à nouveau le mouvement des prix des dernières semaines — le retard tant commenté du prix des marchandises par rapport à la hausse du cours de la devise, il ne s'agit que d'un phénomène temporel. En dehors même de ce fait, il ne faut d'autre part pas sous-estimer la signification psychologique d'une dépréciation totale de la couronne sur les marchés boursiers étrangers. Aujourd'hui déjà, la couronne voit sa situation en grande partie détériorée pour le commerce de gros et pour la circulation réelle. De plus en plus on se met à utiliser des devises étrangères pour vendre et acheter, et cela même pour le commerce de détail. Cette tendance deviendra d'autant plus forte que la couronne se rapprochera d'une valeur nulle sur les marchés étrangers. Et elle prendra des dimensions catastrophiques au moment où la couronne sera sans valeur à Zurich et à Amsterdam. Il est clair que les marchandises importées ne pourront alors plus du tout être vendues contre des couronnes. Dès que le « marché noir, » le seul que l'on puisse remercier pour l'approvisionnement en vivres des habitants des villes austro-allemandes, refusera la couronne, celle-ci verra sa position se rétrécir complètement sur les marchés intérieurs. On payera encore les impôts et les loyers avec des couronnes, et on pourra acheter avec des denrées rationnées ; mais on ne les utilisera plus sur le marché libre.
Seuls nos hommes d'État, prisonniers des illusions étatiques, s'imaginent que les populations des grandes villes vivent de ce que le rationnement public leur alloue. C'est peut-être vrai pour les fonctionnaires sans revenus secondaires et pour plusieurs retraités, rentiers et autres, pour autant qu'ils ne soient pas aidés par des envois de parents campagnards. Pour la grande majorité de la population c'est certainement complètement faux. Les vivres rationnés ne sont même pas suffisants pour pourvoir aux fonctions vitales d'un adulte au repos, de telle sorte que ceux qui sont contraints de réduire leur consommation au niveau alloué par le rationnement public et à ce qu'ils peuvent manger dans les établissements publics, sont à la merci d'une lente inanition. Le revenu actuel des travailleurs n'est pas épuisé par la distribution de vivres rationnés et de nourriture dans les cuisines de guerre. Ce qui reste part vers le commerce clandestin. Les masses vivent de l'économie illégale et se retrouveront dans une situation des plus difficiles quand elles ne pourront plus obtenir de vivres au marché noir, contre des couronnes. Avec la mentalité de notre peuple, cela amènera inévitablement à de méchants excès. Il y aura des pillages, tout d'abord dans les magasins de détail puis dans les bâtiments publics, les palais bancaires et les habitations privées. Les derniers et faibles restes de l'autorité gouvernementale disparaîtront ; des bandes armées essaieront de réquisitionner les terres, entreprise qui, étant données les circonstances où les populations des campagnes sont aujourd'hui elles-mêmes armées et bien secondées par une gendarmerie disciplinée et bien armée, ne se terminera pas par une défaite sanglante des pillards uniquement dans les environs proches des centres industriels.
L'anarchie à l'intérieur du pays sera d'autant plus dangereuse que menaceront de vilains dangers de l'extérieur. Il se peut fort bien que, lors des excès de la foule, des citoyens étrangers soient blessés, ce qui pourra donner suffisamment de prétextes à une marche de troupes ennemies. L'Entente n'éprouve sans doute dans les circonstances présentes que peu d'intérêt pour notre pays et son intervention serait en outre déjà empêchée par sa faiblesse militaire actuelle. Il en est autrement avec la Hongrie et la Tchécoslovaquie. Ces deux États disposent d'une armée puissante et bien formée. Pour des raisons politiques et chauvines de prestige, il existe dans ces pays une envie d'occuper une partie de l'Autriche allemande, et plus particulièrement Vienne. Les Tchèques ressentent douloureusement que l'histoire de l'obtention de leur indépendance ne montre aucune action militaire dont on puisse tirer gloire. Les militaristes tchèques, non sans raison, voient dans la lâche fuite de l'armée tchèque devant les troupes bolcheviques de la Hongrie une source de honte qu'ils veulent réparer. Les troupes magyares ont également soif d'un glorieux événement « national ; » ils verraient d'un très bon œil une expédition qui rappellerait les razzias kurutchiques [bandes hongroises du seizième siècle qui venaient piller l'Allemagne. Précision donnée par J.G. Hülsmann]. Les deux, Tchèques comme Hongrois, iraient très volontiers piller Vienne et saisiraient toute occasion pour prendre leur revanche de l'injustice supposée que « Vienne » leur a fait subir. En vérité, les Tchèques cherchent à se venger des sévères déceptions que le jeune État tchèque a engendré, et les Hongrois des pillages que les Roumains ont entrepris à leur encontre.
Nous n'avons aujourd'hui pas de véritable armée qui soit en état d'arrêter la racaille à nos frontières. Nous serions abandonnés sans défense face à toute invasion armée. Il ne nous resterait d'espoir que dans l'Empire allemand. L'Allemagne ne nous abandonnerait certainement pas, mais il est douteux que l'Entente admette une intervention allemande. Un retard de quelques jours peut déjà devenir néfaste pour nous. Une fois que les brigands ont fini leur pillage et que le butin a été mis en sécurité, il est alors de peu d'utilité de les chasser.
Voila les conséquences possibles d'un effondrement de notre monnaie : l'anarchie à l'intérieur du pays, peut-être une révolution bolchevique communiste, une occupation ennemie du dehors. Si l'on veut empêcher tout cela, alors il faut s'occuper du jour de la catastrophe. Il n'y a pas grand chose à attendre du gouvernement. Quant à l'administration des finances, elle ne s'est pas contentée de suivre depuis plus de 5 ans la funeste politique d'inflation mais elle a sans cesse cherché à la défendre. Elle a accéléré la chute de la couronne par des mesures erronées, en méconnaissant complètement l'unique source de la valeur de la monnaie. Il ne faut donc pas s'attendre à ce qu'elle change soudainement. Les quelques dirigeants responsables de la politique financière qui avaient une vision correcte des relations économiques n'ont jusqu'à présent pas réussi à s'élever contre la tradition de la maison. Les citoyens doivent chercher à accomplir par leurs propres forces ce que le gouvernement ne fait pas. Tout ce que l'on peut espérer du gouvernement est qu'il ne trouble pas l'entreprise privée. Il incombe aux banques et aux grandes entreprises de l'industrie et du commerce, dans leur propre intérêt comme pour rendre service à tout le monde, de préparer les mesures qui apparaissent nécessaires pour surmonter les conséquences catastrophiques de l'effondrement de la monnaie.
II.
L'optimisme sans fondement, qui est depuis des années la caractéristique la plus notable de notre opinion publique, conduit à penser encore aujourd'hui qu'il nous viendra une aide inattendue de quelque part, comme par miracle. On veut se cacher intentionnellement le caractère critique de la situation et on attend un sauvetage de tous les événements possibles, qui, en réalité, ne pourront rien changer.
Il n'y a pas de doute que l'Entente ait un intérêt à maintenir notre système politique actuel et qu'elle soit donc prête jusqu'à un certain point à faire des sacrifices pour protéger le système économique qui est en lien étroit avec ce système politique. Comme il n'existe dans les pays de l'Entente qu'une très faible connaissance de notre état, on y est disposé à accorder crédit à nos affirmations selon lesquelles nous n'aurions véritablement aucune possibilité de nous nourrir, et à accorder une aide pour des motifs philanthropiques (actions alimentaires, assistance aux enfants, etc.) ainsi qu'à nous épauler avec le crédit. Mais ces aides deviendront de moins en moins abondantes, de moins en moins capables de nous aider et l'Entente finira un jour par nous dire qu'elle ne voit pourquoi elle devrait entretenir à ses frais un système économique intenable. Nous n'avons en aucun cas l'espoir de recevoir de l'Entente suffisamment d'aide pour réaliser les désirs insatiables de nos syndicalistes jamais contents et pour renoncer à la poursuite de l'inflation. Tant que nous ne pouvons pas le faire, la détérioration de notre monnaie continuera à se diriger vers sa fin catastrophique.
On attend aussi une cure miraculeuse de la monnaie grâce à l'impôt sur la richesse. L'effet de cet impôt sur la monnaie n'aura pas plus d'effet que ce qui est déjà obtenu aujourd'hui par la confiscation des valeurs étrangères et par les autres mesures du même type. L'État confisquera ce qui reste du capital mobile qu'il n'a pas déjà confisqué et le transformera en vivres, après l'avoir vendu à l'étranger. Cela pourrait certes arrêter l'inflation pour un temps, s'il ne se produisait pas, à cause d'un tel retrait du capital, un tel affaiblissement de l'industrie que, d'une part, les recettes courantes de l'État diminueraient et que, d'autre part, les impôts pour l'aide aux chômeurs et pour l'aide alimentaire seraient augmentés.
Même en cas de poursuite de l'inflation, il serait encore possible de repousser un instant l'effondrement de la monnaie, si l'on voulait bien se décider à donner la possibilité aux importateurs de vendre à l'intérieur contre des couronnes en achetant des biens étrangers à crédit, ceci par la réintroduction des marchés à terme des monnaies et des devises. De telles affaires sont très certainement aujourd'hui associées à un très grand risque, que l'homme d'affaires n'est en général pas prêt à supporter. Comme il n'a pas la possibilité de se couvrir sur le marché à terme, il se trouve également obligé, lors des ventes effectuées à l'intérieur du pays, de refuser les couronnes et de réclamer le paiement en devises étrangères. Aujourd'hui déjà, on trouve plusieurs annonces de vente où il est précisé que l'on ne pourra payer les articles qu'en monnaie étrangère. L'habitude de ne plus accepter que des devises étrangères s'étend également de plus en plus à la vente au détail. Mais aussi urgente que puisse être, de ce point de vue, l'introduction des marchés à terme des devises, on peut difficilement croire que l'administration des finances renoncera à son aversion pour la libre circulation. L'opinion publique, pour laquelle la spéculation boursière constitue une horreur, s'opposera elle aussi très fortement à l'introduction des marchés à terme des devises.
III.
Le problème à résoudre est de prévoir quelque chose pour le jour où la panique conduira les marchands à refuser le paiement en couronnes et à finalement réclamer des monnaies étrangères. Si ce processus se produisait lentement et non d'un coup dans l'affolement, il serait en fait inutile d'intervenir. Le paiement en monnaie étrangère se répandrait graduellement, en augmentant, comme il s'est déjà introduit dans le commerce de gros et même dans le commerce de détail. A mesure que l'usage de devises étrangères s'étend, à mesure que chacun se met à détenir de moins en moins de couronnes et de plus en plus d'argent étranger, il en résulterait également un afflux plus important de devises étrangères dans le pays. Toute intervention sur le marché serait superflue, car tout se règlerait automatiquement. Pour les valeurs et les articles que nous exportons, nous recevrions des devises étrangères ; les marchands et les industriels se mettraient alors à payer les salaires en devises étrangères, pour partie d'abord, totalement ensuite. Et ce jusqu'à ce que finalement l'État lui-même soit obligé de faire pareillement pour la levée des impôts et la paye des fonctionnaires.
Ces mesures ne résultent pas seulement de considérations théoriques irréfutables mais aussi de l'expérience historique que l'on a pu avoir en ce qui concerne l'effondrement des monnaies. Les trois exemples les plus importants d'une dépréciation totale de l'argent nous sont donnés par la monnaie continentale américaine de 1781, les assignats et les mandats territoriaux français de 1789 et les dollars de papier des États sécessionnistes de 1865.
La « monnaie continentale » des colonies américaines rebelles atteignit en 1781 une valeur nulle. White a dit à ce sujet, dans son livre Money and Banking illustrated by American History : « Néanmoins, les faux-monnayeurs n'ont fait qu'accélérer la crise imminente et, à ce titre, ce fut un avantage pour tous car, dès la mort de la monnaie de papier, une monnaie métallique surgit et devint abondante pour tous les besoins. Une grande partie avait été thésaurisée et une partie plus grande encore avait été apportée par les armées et les marines française et anglaise. La monnaie était si abondante que le taux de change baissa largement. »
Les mandats territoriaux français tombèrent en 1796 à zéro. Thiers nous en dit, dans son Histoire de la Révolution Française : « Personne ne traitait plus qu'en argent. Ce numéraire, qu'on avait cru enfoui ou exporté à l'étranger, remplissait la circulation. Celui qui était caché se montrait, celui qui était sorti de France y rentrait. Les provinces méridionales étaient remplies de piastres, qui venaient d'Espagne appelées chez nous par le besoin. L'or et l'argent vont, comme toutes les marchandises, là où la demande les attire ; seulement leur prix est plus élevé, et se maintient jusqu'à ce que la quantité soit suffisante et que le besoin soit satisfait. Il se commettait bien encore quelques friponneries, par les remboursements en mandats, parce que les lois, donnant cours forcé de monnaie au papier, permettaient de l'employer à l'acquittement des engagements écrits ; mais on ne l'osait guère, et, quant à toutes les stipulations, elles se faisaient en numéraire. Dans tous les marchés on ne voyait que l'argent ou l'or ; les salaires du peuple ne se payaient pas autrement. On aurait dit qu'il n'existait point de papier en France. Les mandats ne se trouvaient plus que dans les mains de spéculateurs, qui les recevaient du gouvernement, et les revendaient aux acquéreurs de biens nationaux. De cette manière, la crise financière, quoique existant encore pour l'état avait presque cessé pour les particuliers. »
Il faut certes faire attention en comparant les effets de la catastrophe vers laquelle se dirige notre monnaie, avec ceux des trois précédents. Les États-Unis étaient en 1781 un pays principalement agricole et les États du Sud de l'Union l'étaient encore en 1865. En ce qui concerne le développement économique de la division du travail et de l'usage de la monnaie, en ce qui concerne la circulation des billets et du crédit, la France de 1796 se trouvait elle aussi loin derrière le niveau que nous avons atteint de nos jours en Autriche allemande. Les conséquences d'un effondrement de la monnaie doivent avoir de tout autres répercussions dans un pays industrialisé, comme l'est l'Autriche allemande, où la moitié de la population vit dans des villes, qu'elles ne le seraient dans un pays dont la population se trouve pour la plupart au sein une économie d'échanges de produits naturels.
La question qui se pose, pour adoucir autant que faire se peut les conséquences, et en premier lieu pour empêcher la destruction totale du capital endetté, est plus qu'une curs posterior. En ce qui concerne le moment de l'effondrement, la question de la transition vers la nouvelle situation monétaire est encore plus pressante. Car on ne doit pas oublier qu'il existe aussi à ce sujet, entre les situations des trois effondrements mentionnés et celle de l'Autriche allemande, une profonde différence. En effet, l'Autriche allemande ne dispose d'aucun stock thésaurisé de monnaie métallique qui soit d'une quantité notable. De plus, les devises étrangères ne se trouvent qu'en quantité réduite dans le pays. Certes, il n'y a aucun doute que, peu de temps après l'effondrement de la monnaie, de grandes quantités d'argent étranger entreront en circulation à l'intérieur du pays en raison des ventes à l'étranger. Mais il s'agit précisément de surmonter le vide de la période de transition, peut-être passagère mais critique au plus haut degré, et d'empêcher ainsi que se produisent les catastrophes politiques décrites, issues des difficultés qui pourraient survenir. Il s'agit aussi d'être prêt pour le jour où se produira l'effondrement de la monnaie et la panique associée.
Il convient de prendre des précautions pour ce jour, même si l'on espère qu'il ne se produira jamais. Même s'il l'on pense que l'on pourrait encore empêcher l'effondrement de notre devise, ou que cet effondrement se passera sous la forme adoucie d'un passage graduel, il ne faut pas se croiser les bras et ne rien faire. Car le danger que susciterait un tel effondrement dans la panique est tellement gigantesque que l'on se doit impérieusement d'y être préparé, quand bien même la possibilité qu'il se produise soit des plus éloignées. On pourrait avec raison faire le reproche d'une négligence impardonnable à ceux qui, aujourd'hui, dirigent notre politique économique et occupent des postes élevés dans notre économie, s'ils s'abstenaient de prendre de telles précautions. Le sort que leur réserverait un soulèvement bolchevique ne serait alors pas immérité.
Pour ce jour critique, il faut que les moyens soient prêts à Vienne pour payer avec de l'argent étranger les traitements et les salaires courants, les allocations de chômage et les pensions, ainsi que pour accorder quelques aides aux rentiers et aux propriétaires fonciers. Un montant d'environ 30 millions de francs suisses en petites pièces est pour cela nécessaire.
Pour obtenir cette somme, il faut procéder de la façon suivante :
En Autriche allemande, le nombre de ceux qui n'exercent pas une profession indépendante en dehors de l'agriculture et de la sylviculture se monte à environ 1,5 million. Si l'on prend un revenu mensuel moyen de 1500 couronnes, ce qui ne semble pas trop peu, compte tenu que se trouvent également dans le nombre cité des jeunes gens, des gens habitant à la campagne, etc., on obtient alors une somme mensuelle de 2250 millions de couronnes. Si l'on convertit avec un taux de change de 1 couronne = 1 centime, cours qui sera vraisemblablement atteint en quelques semaines lorsque la dernière couronne aura encore une signification attribuée par les cours, on obtient un montant de 22,5 millions de francs. Au moment de l'effondrement de la monnaie, environ 22,5 millions de francs seront nécessaires pour payer les revenus mensuels des employés austro-allemands travaillant hors de l'agriculture et de la sylviculture. Le jour critique de l'éclatement d'une panique monétaire, cette somme devra être mise à disposition en devises étrangères par les banques du gouvernement et par les chefs d'entreprise de l'industrie et du commerce. Ce n'est que dans ce cas que l'on pourra éviter l'apparition d'une révolte, quand les travailleurs et les employés apprendront qu'ils recevront immédiatement une petite somme en monnaie étrangère, correspondant à peu près à leur revenu de la prochaine période, et qu'ils pourront ainsi surmonter les difficultés des premiers jours. Si l'on suppose, ce qui semble très prudent, que la somme des futures pensions et des allocations chômage, correspondant au mois en cours, s'élèvera à 100 millions de francs, et si l'on prend en compte que 50 millions de couronnes supplémentaires seront nécessaires pour l'aide aux rentiers et assimilés, on obtient, pour le premier mois, un montant additionnel de 150 millions de couronnes, soit 1,5 millions de francs. Il est donc nécessaire de disposer d'un total de 24 millions de francs. Les hypothèses sur cette somme reposent naturellement sur des estimations vagues et il apparaît nécessaire de relever le montant d'au moins 25%, si l'on souhaite être certain de trouver une solution à toutes les éventualités des premiers instants. Il faut donc compter avec une somme d'environ 30 millions de francs.
On obtient la même somme par un autre calcul. La circulation fiduciaire de l'Autriche allemande constituera au moment critique au moins 12 milliards de couronnes. Tout au plus un quart de celle-ci concerne la petite circulation de la vie de tous les jours, pendant que le reste est soit thésaurisé par les paysans ou par d'autres personnes aisées, soit sert le commerce de gros. Cette hypothèse n'est pas le moins du monde à rejeter, à la vue des circonstances actuelles, dans lesquelles on sait bien que d'énormes sommes de billets se trouvent entassées dans les mains des plus grands commerçants. Restent alors environ 3 milliards pour la circulation journalière des salariés, ce qui se monte à 30 millions de francs, après conversion selon la relation donnée plus haut.
Il n'est pas nécessaire de se soucier d'autre chose que des premiers temps et de la petite circulation. La grande circulation se tournera rapidement vers l'usage de l'argent étranger, qui joue un grand rôle déjà aujourd'hui. La grande circulation, par l'intermédiaire de la vente à l'étranger d'articles et de titres, transmettra aussi à la petite circulation les sommes dont elle pourrait encore avoir besoin.
Il s'agit donc en premier lieu de se procurer, par une opération de crédit, cette somme de 30 millions de francs à l'étranger afin de la mettre à disposition à l'intérieur du pays. On peut imaginer différentes manières d'obtenir cette somme. Si l'État devait établir le crédit en devises ou en subsistances, auquel il aspire actuellement, ou le crédit sur le tabac dont on a tant parlé, il serait alors possible qu'il se mette à réserver dans ce but, sur le compte de ce crédit, la somme cherchée de 30 millions de francs ou son équivalent en une autre monnaie étrangère. Il pourrait alors le changer lui-même, au moment critique, en partie pour payer les traitements et autres, en partie aussi pour le mettre à disposition des banques de l'économie. Il ne serait dans ce cas pas nécessaire de se mettre d'accord avec les créanciers étrangers et d'obtenir leur assentiment pour cette entreprise. Il suffirait de ne pas prélever provisoirement un montant de ce crédit, afin qu'il reste à disposition à l'instant critique.
La deuxième possibilité serait que l'État se procure les moyens en hypothéquant ou en vendant ce qu'il possède : les 50 000 actions de la société minière des Alpes, les actions de la société des bateaux à vapeur de l'Allemagne du sud et des autres établissements.
Il est cependant prévisible que le gouvernement ne voudra jamais rien faire de tel. Trouver l'argent devient dès lors l'affaire des banques, que ce soit par le dépôt de garanties ou par d'autres méthodes. Io faut encore montrer de quelle manière on puisse veiller à ce que les banques ne soit pas obligées de laisser reposer dans leurs coffres, jusqu'au jour de la mise à contribution, cette somme quoi qu'il en soit considérable dans les conditions actuelles, et ceci sans percevoir d'intérêt. Il est important que cette somme soit constituée le plus possible de petites pièces. Plus les valeurs des pièces disponibles constituant la somme sont élevées, plus rapidement se produira une puissante augmentation des prix lors de l'effondrement de la monnaie, et ce pour des raisons purement techniques. Il ne suffit pas que la monnaie étrangère soit disponible en pièces de 20 et 10 centimes, même des pièces de 1 et 2 centimes seront nécessaires pour ne pas laisser monter les prix qui correspondent aujourd'hui à 1 et 2 couronnes. Il faut pour cela prendre en compte que la grande masse nécessaire ne pourra pas être obtenue tout simplement à partir des pièces en circulation d'un État étranger. La Suisse s'opposera probablement à l'exportation d'une part aussi considérable de sa petite monnaie. En outre, les quantités de pièces de 1, 2 et 5 centimes dont nous avons besoin ne sont pas du tout disponibles. Il faut penser à prendre ici des précautions particulières. La solution consistant à ce que l'État produise lui-même des petites pièces de monnaie étrangères totalement couvertes par des pièces de monnaie étrangères de plus grandes valeurs, doit à peine être pris en considération. En effet, l'effondrement de la monnaie aura tellement ébranlé la confiance générale dans tout le système monétaire étatique, qu'il faudra vraisemblablement que du temps s'écoule avant que le public ne se retrouve prêt à accepter les moyens de paiement étatiques. Pour des raisons techniques, comme pour des motifs de droit constitutionnel ou autres, il ne faut pas compter que les petites coupures nécessaires soient fabriquées par un État étranger, par exemple la Suisse. Il convient donc que les banques privées du pays (mais non la Banque austro-hongroise) se mettent à émettre ces petits billets. De la même manière qu'en Amérique les banques réunies dans un établissement de compensation émettent des certificats spéciaux aux moments critiques, les banques viennoises devront aussi se réunir et fournir les plus petites pièces libellées en monnaie suisse, et ce jusqu'au niveau du crédit obtenu à l'étranger dans ce but.
Sous ces hypothèses, il serait aussi tout à fait possible d'utiliser le crédit obtenu à l'étranger par le consortium des banques de manière à ce que les fonds restent à l'étranger. De cette façon, les pertes d'intérêt seraient totalement évitées ou au moins réduites au minimum jusqu'au moment de l'émission des billets de banque en question, et on obtiendrait un revenu dès le moment de l'émission.
En étudiant ce problème, il faut évidemment laisser de côté toutes les considérations juridiques. Il est bien clair que les interdictions existantes qui protègent le privilège d'émission de la Banque austro-hongroise ne doivent pas représenter une entrave lors de l'effondrement de la monnaie. Le facteur technique est en revanche plus important. La partie concernant l'impression des billets doit être menée sans retard.
Il est une question qui mérite une attention sérieuse. C'est celle de savoir s'il ne serait pas préférable de chercher à se rattacher à la monnaie allemande plutôt qu'à la monnaie suisse. Il est certain que nous préférerons un jour le rattachement politique à l'Allemagne. Il est également évident que le système monétaire de l'Autriche allemande fusionnera alors avec celui de l'Allemagne. Mais c'est une autre affaire de savoir s'il est approprié de se rattacher à la monnaie allemande précisément à l'instant que nous considérons. De plus, il faut prendre en compte le fait que le moment de l'effondrement de la monnaie est particulièrement critique et que nous serions à cet instant très sensibles à n'importe quel harcèlement de la part de l'Entente. L'Entente se dressera contre un tel rattachement monétaire, qu'elle considérera comme un signe précurseur du rattachement politique. Il est toujours concevable qu'elle fasse des difficultés à l'Empire allemand si ce dernier devait songer à nous faire crédit comme nous l'avons décrit. L'Empire allemand devrait mettre environ 300 millions de marks à disposition pour le moment fatidique et l'Entente serait parfaitement en état de mettre des bâtons dans les roues lors de l'octroi d'un tel crédit. Il faut en plus réfléchir au fait que la monnaie allemande elle-même, à ce qu'il semble, court au devant d'un effondrement total. En Allemagne, on augmente également de plus en plus le nombre des billets. En Allemagne, le parti inflationniste (Knapp, Bendixen, Sylvio Gesell et beaucoup d'autres) triomphe lui aussi toujours et encore. On peut y répandre sans être contredit, avec pour slogan « L'inflation comme remède », l'idée d'un plan destiné à « rembourser » les emprunts de guerre par émission de 100 milliards (!) de nouveaux billets de banques. Si nous nous rattachions maintenant à la monnaie allemande, dont la valeur baisse de jour en jour, nous pourrions faire l'expérience en peu de temps non pas d'un mais de deux effondrements monétaires, ce qui n'est vraiment pas une perspective séduisante.
Nous voulons nous rattacher à l'Allemagne et voulons établir une communauté monétaire pangermaniste. Mais cela ne nous oblige pas à accomplir ce rattachement de politique monétaire au moment précisément le moins opportun. Ce n'est pas un renoncement à l'idée pangermaniste que de considérer le rattachement monétaire comme un procédé d'ascension commune, et non comme un procédé de décadence commune. Nous rendons un meilleur service au peuple allemand en nous efforçant de chercher à surmonter, si possible sans grande catastrophe, l'effondrement monétaire, que nous devons considérer comme inévitable en raison de la situation désespérée. En effet, nous donnons ainsi au peuple allemand un exemple du comportement à suivre dans un moment aussi critique.
A vrai dire, le rattachement au franc suisse aurait aussi de sévères inconvénients, car on ne peut pas repousser la possibilité que les salaires et les prix nationaux s'élèveraient alors rapidement au niveau de la parité du marché mondial. La seule possibilité que possède notre industrie pour pouvoir exporter, et ainsi retrouver les débouchés perdus ou en gagner de nouveaux, réside précisément dans le fait que le niveau de nos salaires est le plus bas. Si cet avantage était perdu, alors les conditions de crise de la production nationale pourraient devenir permanentes. Il peut être préférable de ce point de vue de se rattacher au mark.
Il serait évidemment également possible de préférer le rattachement au dollar plutôt qu'au franc suisse. La question est cependant de moindre importance. En faveur de la monnaie suisse, il y a pour nous le fait que, dans la situation actuelle, une monnaie qui compte de plus petites unités est avantageuse pour les raisons déjà évoquées.
IV.
Pour les banques, la fourniture de 30 millions de francs ou de 300 millions de marks en petites coupures signifie des engagements financiers, dont la portée doit être soigneusement examinée. D'un côté les banques gagnent, lors de la délivrance, des créances en devises étrangères contre l'État (contre les Länder et les grandes municipalités) et contre les entreprises industrielles et commerciales. Ces créances sont sans aucun doute bonnes, car il s'agit d'une part de sommes proportionnellement peu importantes et qu'il ne faut pas négliger d'autre part qu'au moment de leur naissance, toutes les entreprises se trouvent suffisamment exemptes de dettes. De plus, l'hypothèse de la mise en œuvre de toute cette action repose sur une dépréciation totale de la couronne, où donc les dettes en couronnes ont entièrement disparu. Toutefois, garantie d'une créance et liquidité ne vont pas ensemble. Les banques gagnent d'un côté des créances sûres mais non liquides, mais de l'autre côté, en tant qu'émettrices des petits billets, elles sont obligées vis-à-vis de leurs propriétaires de les changer à la demande en devises étrangères. Il pourrait dès lors exister de grandes difficultés, si de grandes quantités de petits billets obtenus par ce principe étaient présentées pour conversion. Ce danger n'existe cependant pas. Il faut accepter que la circulation de ces petites coupures se maintiendra, car on en a besoin et elles ne reviendront pas aux banques. Il semble presque plus correct de craindre que ces billets ne soient thésaurisés.
Toujours est-il qu'il se peut qu'il apparaisse plus prudent aux banques de limiter le risque qu'elles doivent courir de cette manière. Ce ne pourrait être fait que d'une façon : ce ne seraient plus les banques qui apparaîtraient directement comme émettrices, mais un institut spécialement créé dans ce but et dont les actionnaires seraient les banques. Il s'agirait donc de la mise en place d'un genre particulier de banque d'émission d'urgence, qui dirigerait toute l'action.
Il est très clair que toute la mise en ouvre de cette organisme d'émission ne peut pas se faire en accord avec les principes d'une politique solide d'une banque d'émission. Mais, étant données les circonstances, cela ne doit pas représenter un obstacle au développement d'un tel projet ou d'un projet similaire. Il s'agit de prendre des mesures pour pallier l'urgence d'une période de transition critique.
Il faut cependant tout prévoir dès aujourd'hui dans les moindres détails pour cet instant critique. Il ne faut pas seulement préparer ce qui semble nécessaire pour mener l'affaire sur le plan juridique. Il faut aussi préparer chaque détail technique de telle sorte qu'il soit alors possible de mettre en œuvre l'affaire en quelques jours voire, si c'était nécessaire, en quelques heures.
Tout ce qui est proposé ici n'est destiné, il faut le répéter encore une fois, qu'à la sortie du moment de l'effondrement. Ce n'est qu'à cet instant que des mesures particulières sont nécessaires. Dès que la mainmise étatique sur le système monétaire s'arrête à la suite l'effondrement de la monnaie, le jeu des forces libres s'établit automatiquement, et fournit à l'économie les masses monétaires nécessaires. Les moyens de paiement nécessaires viendront dans le pays à la suite des ventes à l'étranger, qui augmenteront de toute façon à ce moment. Il est vrai que cela nuira à l'économie à cause des ventes à trop bon marché, mais il s'agit d'une conséquence de la politique monétaire funeste que rien n'a pas pu empêcher.
Une fois le changement de monnaie en francs ainsi réellement accompli dans le pays, la législation peut alors tirer les conséquences juridiques et se soucier de la liquidation des anciennes dettes. Il faudra alors aussi examiner s'il est somme toute recommandable d'établir un billet de banque autrichien particulier et de distribuer des billets autrichiens particuliers. Il ne s'agit toutefois que de questions secondaires. Le changement de monnaie s'est réellement accompli au moment où la circulation de la nouvelle monnaie a été adoptée.